mercredi 16 février 2011

Dents de guimauve et de pêche

à Muzil

Nous avons au moins un point commun : nous ne voulons pas être des moutons. J'imagine que cela fait de nous des loups.
des loups pas trop méchants quand même, on est ni asocial ni apathique ni sectaire. des loups végétariens en somme. des loups aux dents de guimauve et de pêche.
Des dents cassées par contre. Sinon, ce moment précis n'existerait pas.
J'ai malheureusement oublié où nous les loups avions l'habitude de se rencontrer.
As-tu un quelconque souvenir de çà?

vendredi 11 février 2011

poupée gonflable

à moi-même

je suis une poupée gonflable.
je suis vide. je ne sens rien en moi que du vide. dégonflé, à plat. et j'ai pas d'anticrevaison.
j'aimerais être indépendant, être pouvoir capable de m'oxygéner tout seul, comme un grand. mais il n'en est rien. si t'es pas là pour me garder pressurisé, alors je me vide. je me croyais être un fort, un phare, une tour. je ne suis que le décor de moi-même. je ne m'apitoie pas sur mon sort, je constate, que les fondations sur lesquelles je travaille depuis tant d'années, que je croyais solides et indéfectibles ne sont qu'une parade à laquelle je me suis accrochée. je doute, c'est normal, je m'anéantis, çà l'est beaucoup moins. je devrais être capable de vivre tout seul, sans le besoin de personne, je devrais me sentir vivant de me battre à chaque jour contre mes démons, mais là aujourd'hui, même mes démons me paraissent ridicules face à mon incroyable incapacité à les combattre.
je suis une poupée, que je me suis crée. que j'ai manipulée et avec laquelle j'ai jouée. mais c'est du cinéma. et je ne suis pas bon comédien.
j'ai pourtant essayé. j'ai été cowboy et marin, mais de pacotilles... un cowboy sans mer et un marin sans cheval.
j'ai soif d'oxygène, mais je n'ai plus de poumons. je devrais être capable de passer outre mes frustrations et ma déception. mais non, je stigmatise, parce que je ne suis pas libéré de l'attachement aux autres, à toi en particulier. j'ai mal, alors que tu ne m'as pas attaqué, çà pique et tu ne m'as même pas effleuré. je sais bien que mon problème n'est pas le tien et n'émane pas de toi. mais ma douleur est tellement vrai, tellement palpable. elle me bouffe, elle m'obsède. j'ai l'impression d'avoir 20 ans, de revivre en arrière. de flotter. comme un ballon dans l'air, comme une poupée dans le vide, comme quelqu'un qui n'aurait pas su progresser.
j'ai un long travail à faire, à réitérer, je n'ai pas peur.
mais je ne me sens pas vraiment l'âme d'un chevalier

mardi 8 février 2011

Currywurzt et planche à voile

A Anabel

Quand j'étais ado, je tombais toujours amoureux d'une fille le premier jour de la rentrée. Je passais un an à l'aimer secrètement et à me répéter sans cesse : "bon demain, je lui parle" (et à me masturber aussi, mais c'était hormonal). C'était pareil en colonie de vacances, quoique trop jeune pour m'adonner au plaisir solitaire, je cherchais toujours la fille qui allait me plaire le premier jour. et j'en démordais pas. Si personne n'était à mon goût, je passais soit une semaine de merde à faire de la planche à voile sur de l'eau plate, soit je sortais avec la moche (c'est souvent la grosse du groupe). Le problème de la planche à voile c'est que çà prends un peu de vent. L'inertie et la gravité, même si réunies peuvent être super sympa, elles t'aident pas beaucoup quand tu es sur une bordure de rivière sans vent, que tu manges ta tomate au sel de ta môman sur la "petite aire aménagée" par le maire du village de 5 familles. Ahhh la fameuse petite aire qui a quand même vécu son heure de gloire quand "des touristes allemands (la guerre est finie) sont venus s'y rassasiés de CurryWurst sur leur chemin pour Rosas, le tout immortalisé dans la gazette du village, qui finit inévitablement comme compagnon de lecture de tout N°2 qui se respecte. Bref.
Il n'y avait pas de vent, et je n'avais pas le vent en poupe. et je n'aime ni les grosses ni les currywurtz et encore moins le mélange des deux.

Donc je remettais à chaque jour ma crainte de l'humiliation.
Un râteau c'est toujours la honte. Même à 28 piges. Surtout quand t'aimes pas trop le jardinage.
Puis venait inévitablement le dernier jour de classe qui te rappelait combien ta timidité est ridicule et t'oppresse et t'empêche de vivre; combien à cause d'elle tu t'es maudis et combien à cause d'elle tu as été méchant avec des grosses et racistes envers les saucisses allemandes.
Parce que oui tu as passé un an à entendre, passif, à te laisser faire, sans vent, sans inertie, sans gravité sur ta planche à voile.

Et t'es surement pas passé dans la gazette du village mon gars!

Gigot d'agneau de l'espace

à Pichou66

Un agneau dans l'espace, c'est plutôt rare. C'est qu'il faut avoir beaucoup étudié pour devenir cosmonaute ou alors être extrêmement riche. Dans les deux cas, çà prends un bon background. Bourdieu ne me contredirait pas : tu restes où tu nais.
Pourtant, on est tous capable de petits miracles. Je peux par exemple prétendre être l'inventeur du gigot d'agneau de l'espace. A mon échelle donc, j'accomplis des miracles. Tu prends un gigot d'agneau, un qui a pas forcément eu une vie heureuse, qui ne s'est pas fait les sabots sur les plaines de Nouvelle-Zélande avec Aragorn et Boromith. Non, tu prends un agneau du 93 quoi, un agneau du voisin. Puis tu le cuisines, tu t'emmerdes pas, tu prends des légumes prédécoupés (pas plus heureux que toi non plus), tu mets çà dans une cocotte de l'espace. puis au four 50 minutes.
La cocotte de l'espace, c'est quoi çà? ah bin oui il y a quand même un truc. Mais c'est un secret.
tsé

lundi 31 janvier 2011

Pirates et écureuils

à Gennygen

Mon premier fantasme c'était elle :

j'avais 7/8 ans, et je rêvais que je tuais tout les méchants sur mon chemin qui m'empêchaient de lui retirer la flèche en or qui lui transperçait le coeur et la faisait très lentement mourir. Je crois que c'est important de retirer les flèches en or empoisonnées des coeurs de jeunes princesses aux cheveux violets.
Aujourd'hui, je me rends compte que je n'aime pas trop tuer les gens, mêmes les plus méchants, alors je préfère me voir comme un marin sans mer et sans bateau. Je n'aime pas trop l'eau. Mais je combats les pirates qui pillent les trésors, qui les cachent, font une carte et la perde. Dans le fond, un pirate c'est un peu comme un écureuil, çà s'est jamais trop où son butin se trouve. En même temps, qui pourrait prétendre le savoir. Et qui aime vraiment les écureuils?

jeudi 27 janvier 2011

Johnny Guitar

http://www.tcm.com/mediaroom/index.jsp?cid=235292

494
00:41:56,658 --> 00:41:58,455
Dis-moi quelque chose de gentil.

495
00:41:58,818 --> 00:42:01,378
Bien sur.
Que veux-tu entendre ?

496
00:42:02,778 --> 00:42:04,052
Mens-moi.

497
00:42:05,018 --> 00:42:06,736
Dis-moi que tu m'as attendu.

498
00:42:07,098 --> 00:42:08,133
Dis-moi.

499
00:42:09,538 --> 00:42:11,654
Je t'ai attendu.

500
00:42:12,018 --> 00:42:14,327
Tu serais morte
si je n'ètais pas revenu.

501
00:42:15,618 --> 00:42:18,212
Je serais morte
si tu n'ètais pas revenu.

502
00:42:18,618 --> 00:42:21,178
Dis-moi que tu m'aimes encore
comme je t'aime.

503
00:42:23,138 --> 00:42:25,572
Je t'aime encore
comme tu m'aimes.

jeudi 20 janvier 2011

Mon père

J'ai un père, mais je ne le connais pas. Je sais que c'est un homme admirable et admiré, c'est un chasseur, ce n'est pas une insulte. Il tue des petits animaux, parfois des plus gros, il les mange. Il en fait des ragouts avec ses amis. C'est pas super bon, quoi que bien arrosé, çà passe. Suffit d'ouvrir grand la bouche, de ne pas trop respirer, de penser à une salade niçoise ou à un bon jambon beurre parisien... J'arrive à l'avaler, mais je n'ai jamais su faire le contraire. Tu sais, sortir des choses de ma bouche et les lui adresser. C'est bien plus facile de digérer que de cuisiner, s'asseoir, se saisir d'une fourchette et de tout dévorer... puis s'endormir pour digérer. Si j'ai bien une spécialité, c'est celle-là. La sieste.
Mon grand-père aussi faisait la sieste, et il était très gros. Mais gros que du ventre. Parfois, il m'amenait à la pêche, il était pas très doué, c'était plutôt mes cousins et moi qui l'amenions pêcher. Il était selon toute vraisemblance dépêché par ma grand-mère pour nous surveiller, si nous venions à noyer nos bottes dans la boue remplie de fumier de la mare en aval de l'étable. Tu sais, çà donnait pas du super poisson. C'est sur qu'il aurait joué son rôle de bouée à la perfection. Quand il est mort, je n'ai rien ressenti.
Au cimetière, j'ai vu mon père pleuré. J'ai croisé son regard. Je me suis demandé ce qu'il pouvait bien penser de moi. Se demandait-il si je serais autant atteint par la mort de mon père que lui l'était?
çà m'a perturbé, un instant.... à la suite de quoi je suis allé me coucher.